Les métiers de l’UGA : rencontre avec Philippe Masson

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Thanatopracteur, Philippe Masson nous parle de son métier au sein de la Faculté de Médecine.
Après une carrière militaire au sein de la Marine nationale, Philippe Masson choisit une autre forme d’engagement pour "laisser une dernière belle image du défunt aux proches". Quotidiennement au contact de la mort "qu’il faut comprendre, accepter et respecter", il nous parle de son métier aussi essentiel que méconnu. Il évoque aussi ses missions d’enseignement et de recherche.

Que faisais-tu avant de travailler à l’UGA ?

J’ai débuté ma carrière professionnelle dans la Marine nationale par la spécialité de Fusiliers marins. J’ai pu ensuite évoluer au sein de "la Royale" en passant un brevet d’État d’éducateur sportif et devenir moniteur d’entraînement physique militaire et sportif.
A l’issue de cette carrière militaire, j’ai ressenti le besoin de faire autre chose et la profession de thanatopracteur m’attirait particulièrement. Une fois diplômé, j’ai exercé dans le domaine funéraire privé et effectué des soins de thanatopraxie dans tous les types de situation que l’on peut rencontrer.

Comment es-tu devenu thanatopracteur ?

J’ai découvert cette profession par le bouche-à-oreille grâce à un proche qui exerçait dans un foyer pour personnes âgées et qui m’expliquait la transformation apportée par les professionnels du domaine funéraire sur les défunts lors d’un décès au sein de cette structure. Je me suis donc intéressé de plus près à cette profession afin de savoir comment se déroulait un soin d’hygiène et de présentation.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

J’ai choisi ce métier afin de contribuer à laisser une dernière belle image du défunt aux proches tout en effaçant le masque morbide par un visage plongé dans un sommeil éternel.

En quoi consiste ton travail ?

Mon métier consiste dans sa généralité à injecter un liquide de conservation à base de formol afin de ralentir la décomposition du corps mort en fixant les cellules du corps.
Il y a également tout un volet enseignement et recherche qui prend une grande place dans mon quotidien, j’encadre notamment les étudiants de 2e année dans leurs travaux anatomiques. Cette mission demande beaucoup d’attention car il faut être très rigoureux dans l’exécution des gestes techniques tout en détendant l’atmosphère, parfois pesante pour les étudiants, et en veillant au respect des corps et des personnes.
J’accompagne les étudiants sur le plan émotionnel et met en place des éducatifs pédagogiques pour les 2es années et les masters 1. J’anime notamment un cours sur "le don de corps à la science" et informe les étudiants sur toute la procédure qui accompagne cette pratique. En outre, je travaille sur un projet visant à mieux faire connaître le don de corps et son intérêt tant pour la recherche que pour l’enseignement.
Je travaille également avec des laboratoires extérieurs qui viennent effectuer des travaux anatomiques dans le cadre de workshop nationaux et internationaux. Comme sur la photo, nous effectuons des travaux sur des prothèses anatomiques.
J’assure aussi l’entretien du matériel technique ainsi que l’entretien des locaux.

Peux-tu nous décrire une journée type ?

La journée type n’existe pas dans le domaine funéraire, elle est dépendante des décès.
Les locaux sont entretenus de manière journalière. J’assure l’accueil et l’organisation de travaux de dissections destinés aux étudiants et aux laboratoires indépendants. Je dois également accueillir et prendre en charge les corps des donateurs.

Ce métier demande-il des efforts physiques ? Un effort mental ?

Il est indispensable d’être mentalement stable et résistant. Les efforts liés au métier sont d’une part physiques en raison de la manutention des corps mais également psychologiques car liés au domaine funéraire.

Selon toi, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?

Pour exercer ce métier il faut une certaine maturité. Les journées demandent de la disponibilité et une grande flexibilité horaire. Il faut faire preuve d’empathie au contact des familles et être pédagogue envers les étudiants.

Quelques conseils pour quelqu'un qui aimerait bien se "lancer" ?

Avant de se lancer, il est indispensable d’assister à un, voire plusieurs soins de thanatopraxie, afin de s’immerger dans le domaine funéraire qui est très particulier et pas à la portée de tous. Il faut comprendre, accepter et respecter la mort.
Publié le  18 mars 2019
Mis à jour le  28 avril 2022